3 années déjà que le 13 janvier célèbre l'hypersensibilité... et je le découvre seulement aujourd'hui ! On me l'aurait caché ? Comme on m'aurait caché toutes ces années que je suis moi-même une hypersensible ?
Bon, en réalité on ne m'a rien caché du tout, je suis simplement passée à travers les mailles du filet de l'information. Tout comme j'ai vécu jusque là tant bien que mal (plutôt bien d'ailleurs pour être honnête) avec mon hypersensibilité, avant de mettre un mot sur ce trait de personnalité qui fait partie intégrante de qui je suis.
Et puisque le fait de « mettre des mots » est un peu mon quotidien depuis... à peu près toujours, cela me convient parfaitement d'avoir mis un mot sur cette caractéristique. Elle était là, en moi, depuis toutes ces années. Elle me faisait de l'oeil, me faisait embrasser la vie goulûment, vibrer intensément. Me secouait, me fragilisait, et me rendait plus forte aussi. Et je l'ignorais. Jusqu'à ce fameux mot : hypersensibilité.
Mais du mot à l'étiquette, il n'y a parfois que quelques verbes. Et le fait de mettre des étiquettes en revanche a vraiment tendance à me déranger.
Parce qu'étiqueter, ranger, classer, ce n'est assurément pas mon truc (même si, je tiens à préciser pour la petite info pratique, ma maison est parfaitement tenue ! ). Le risque avec les étiquettes pour en revenir à elles, c'est de s'y retrouver enfermé et d'être amené à devoir les porter comme un poids, et parfois même un boulet.
Mais quand même, mettre des mots permet aussi de communiquer et d'aider à comprendre, et est en cela bénéfique et salutaire.
Initiée par un spécialiste de l’hypersensibilité, Saverio Tomasella, auteur* et docteur en psychologie, cette journée mondiale de l'hypersensibilité est donc une initiative à saluer. Et l'occasion de parler sensibilité développée, haute sensibilité, personnes hautement sensibles et donc, hypersensibilité. D'en parler pour permettre de comprendre que :
- non, les hypersensibles ne sont pas de petites choses fragiles !
- non, les hypersensibles ne sont pas inadaptés à la société !
- non, les hypersensibles ne sont pas seulement des femmes !
- non, les hypersensibles ne sont pas introvertis et peureux !
En revanche, oui, les hypersensibles :
- sont créatifs
- vivent la vie intensément
- font preuve de résilience
- entretiennent des liens forts avec les autres
- ont les sens aiguisés et à l'affut, prêts à ressentir en permanence
- sont perfectionnistes
- sont intuitifs
Hypersensible, c'est être un peu super-héros alors ? Peut-être après tout. Mais hypersensible se conjugue aussi souvent avec ce sous-entendu ou ce présupposé selon lequel un hypersensible serait trop sensible. Mais trop sensible par rapport à quoi au juste ?
Trop sensible par rapport à cette norme sociétale qui veut que « c'est mal de montrer ses émotions », « c'est mal de pleurer devant des gens », ou encore que « c'est mal d'être touché en plein cœur », que ce soit par la beauté du monde ou par sa violence ?
Sans compter cette injonction culturelle à « se montrer fort en toutes circonstances, dès le plus jeune âge », ou ce diktat qui voudrait que « être fort, c'est retenir ses larmes ».
Par rapport à quelle norme au juste des personnes à la sensibilité développée seraient trop sensibles ?
Et si à l'inverse, cette minorité hautement sensible détenait les clés d'un monde plus humain, du monde de demain ?
Et si, comme le souligne et s'interroge Mathilde Chevalier Pruvo dans son Plaidoyer pour un monde (hyper)sensible (Editions Eyrolles) :
« Et si nous étions tous, au fond de nous, hautement sensibles et que là résidait la clé de notre avenir ?
Et si nous avions tous intérêt à cultiver cette force, qui est peut-être même notre plus grande richesse ?
Et si ce n'était pas les hypersensibles qui étaient trop sensibles mais le monde qui ne l'était pas assez ? ».
Allez savoir... ???
* À fleur de peau, son best-seller publié aux Editions Leduc, fait l'éloge de cette singularité qui concernerait environ 20 millions de personnes en France.
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