Enfant, je trouvais que la vie ordinaire de mon cercle proche, mes parents et mes voisins, avait quelque chose d'extraordinaire. Je les trouvais si inspirants. Ils avaient tant à offrir. Cette simplicité, cette authenticité, cette joie de vivre. Ces personnes enrichissaient ma vie et je souhaitais tellement qu'elles puissent enrichir celle des autres.
Enfant, je voulais mettre des mots sur leurs vies pour partager. Je voulais écrire pour raconter et inspirer.
Et puis un jour, mon parrain m'a offert une machine à écrire. J'ai alors pu frapper mes premiers mots en y mettant tout mon cœur, avec vigueur et plaisir (les pauvres touches s'en souviennent sûrement encore !). Des premiers mots balbutiants certes et même un peu errants, ne sachant pas trop où ils allaient, mais ils étaient là, marqués à l'encre noire (ou rouge, ou verte, ça dépendait des jours).
J'ai grandi, et ce désir était toujours là, présent en moi. Ce désir de partager, mettre en lumière, témoigner. J'ai fait mes premiers pas dans la presse écrite, j'étais correspondante locale pour un hebdomadaire puis un quotidien. Quelque chose de fort s'est alors produit à ce moment-là. Je venais de toucher quelque chose qui faisait sens en moi. Je me sentais à ma place, tout était fluide, intense, savoureux. J'étais bien.
« Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité. » Antoine de Saint-Exupéry.
J'ai poursuivi dans cet univers, tout en explorant d'autres voies. J'ai pris des chemins de traverse, évitant les voies rapides et rectilignes. Je me suis parfois perdue, je me suis égarée, je me suis arrêtée, j'ai fait demi-tour avant de repartir sur un autre chemin, mais toujours en suivant ce fil d'Ariane invisible qui me guidait, l'air de rien, vers ma destination. J'ai pris le temps. Mais je revenais invariablement à ce désir. Ou peut-être était-ce lui qui revenait toujours vers moi, va savoir ?! Il se manifestait souvent par une lassitude à faire ce que je faisais, un manque d'entrain, et cette conviction intime et profonde qu'autre chose m'attendait.
Et puis maman est décédée, et j'ai entrepris un autre voyage, intérieur cette fois. Je me suis aventurée sur de nouvelles routes, j'ai ouvert de nouvelles portes. J'ai vécu des événements forts, des expériences marquantes et déterminantes dans ce qui allait être le reste de ma vie. Et toujours ce désir, lancinant, obsédant, cette force qui venait de si loin.... jusqu'à ce jour où les vannes se sont enfin ouvertes. Ce jour où j'ai écrit et auto-édité mon premier livre ! Une évidence, une libération et, passé l'instant de doute au moment de m'exposer et d'exposer mon travail, une joie intense.
Je l'avais fait ! Je venais de réaliser mon rêve d'enfant et de faire mes premiers pas sur ce chemin qui m'appelait depuis si longtemps, mais dont je n'arrivais pas à trouver l'entrée jusque là.
« Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants, mais peu d'entre elles s'en souviennent. » Antoine de Saint-Exupéry.
Avec le recul, jamais je ne me suis demandé si ce rêve était possible ou impossible à réaliser. Il était là, en moi, un désir ardent qui ne demandait qu'à s'exprimer. J'ai avancé, pas après pas. Des peurs, des blocages, des hésitations, j'en ai connus, mais un moteur plus puissant encore me portait : j'étais déterminée à aller jusqu'au bout de ce premier livre. Il serait toujours temps de faire le bilan après.
C'est ensuite une étrange et plaisante sensation qui pointe son nez. Ce sentiment d'avoir lancé la machine, allumé l'étincelle et ravivé la flamme. Tout était là. Il suffisait juste que les choses se mettent en place et, surtout, que j'ose pour que ce rêve devienne réalité. Et que d'autres naissent en parallèle, mais ça, c'est une autre histoire...
Écoutons-nous, écoutons nos envies profondes, celles qui sont là depuis toujours et que l'on a tendance à recouvrir au fil du temps d'un bon nombre de couches : des craintes, des croyances, des héritages culturels. Mais lorsque l'on prend le temps d'être attentifs, de les écouter, on s'aperçoit que ces envies, et bien c'est nous, notre être authentique. Et ne pas l'écouter revient à nous renier.
Et vous ? Quel rêve aviez-vous enfant ? De quoi rêviez-vous ? Où sont ces rêves aujourd'hui ?
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